lundi 10 décembre 2007

Il y a 8 ans

Il y a 8 ans, le 15 décembre 1999, l'élection du Conseil Fédéral faisait déjà beaucoup parler de Christophe Blocher. Les libéraux avaient déjà constaté que la formule magique avait du plomb dans l'aile et prédit que "la candidature de M. Blocher, si elle réussissait, entraînerait la fin de ce mode de gouvernement".

Il est intéressant de relire l'intervention de Monsieur Rémy Scheurer (Lib, NE) :

Le groupe libéral exprime sa conviction qu'un gouvernement de concorde est idéalement préférable à toute autre composition de gouvernement. Mais il constate aussi que la "formule magique" a beaucoup perdu de son charme initial, et qu'elle est tout à la fois affaiblie et affadie. En conséquence, le groupe libéral pourrait donner son appui à un gouvernement d'accord sur un programme d'action et disposant d'une majorité parlementaire avec, face à lui, une opposition qui bénéficierait des instruments de la démocratie directe et qui aspirerait à l'alternance.
Cependant, aujourd'hui 15 décembre 1999, ce n'est pas devant ce choix que nous sommes placés. En effet, après les élections de cet automne, chacun des quatre partis gouvernementaux peut prétendre à deux sièges au Conseil fédéral, mais aucun d'eux ne peut revendiquer à bon droit une autre distribution numérique des sièges à l'intérieur du Conseil fédéral, du moins aussi longtemps qu'il n'y aura pas de vacance. Par ailleurs, le remplacement du système actuel de la "formule magique" n'est pas du tout préparé, pour autant qu'il soit envisagé. Or, la candidature de M. Blocher, si elle réussissait, entraînerait la fin de ce mode de gouvernement, et cela d'autant plus sûrement que les socialistes eux-mêmes ne savent pas toujours s'ils se sentent bien ou mal au Conseil fédéral. Malheureusement, l'arrivée de M. Blocher et le départ des socialistes ne renforceraient pas la cohésion du Gouvernement. Notre collègue, quoi qu'en disent certains, n'est pas un animal politique à se laisser domestiquer dans la cage du Conseil fédéral. Le coup de force tenté aujourd'hui ne signifierait pas du tout le passage d'un gouvernement de consensus plus ou moins respecté, plus ou moins dynamique, à un gouvernement plus homogène. S'il réussissait, ce coup de force remplacerait des incohérences par d'autres incohérences, seuls les points de divergences et les lignes de ruptures changeraient. En attendant une proposition de changement, le groupe libéral doit se contenter d'observer que l'attaque de l'UDC, d'abord annoncée contre le PDC et finalement portée contre le Parti socialiste, montre bien à quel point un parti soudainement gonflé hésite à choisir entre la formule magique et un autre mode de gouvernement qui exalterait les individus plus qu'il ne représenterait l'union de forces apparentées. Dans ces conditions, le groupe libéral ne contribuera pas à faire courir au pays une aventure contraire à toute sa tradition historique. Ses suffrages exprimeront le refus de cette aventure, mais pas son appui définitif à une formule jadis magique et maintenant platement pratique, cela dit quelles que soient les qualités individuelles des conseillers fédéraux.
(source http://www.parlament.ch/ab/frameset/d/v/4601/5107/d_v_4601_5107_5119.htm)

Monsieur Blocher n'est pas entré au gouvernement en 1999, mais en 2003, et la prédiction faite par le groupe libéral en 1999, n'a pas été mise en défaut. Le parlement a la possibilité de corriger mercredi prochain l'erreur qui a été faite en 2003.

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